UML

INTRODUCTION
Pour faire face à la complexité croissante des systèmes d’information, de nouvelles méthodes et outils ont été créées. La principale avancée des quinze dernières années réside dans la programmation orientée objet (P.O.O.).
Face à ce nouveau mode de programmation, les méthodes de modélisation classique (telle MERISE) ont rapidement montré certaines limites et ont dû s’adapter (cf.MERISE/2).
De très nombreuses méthodes ont également vu le jour comme Booch, OMT …Dans ce contexte et devant le foisonnement de nouvelles méthodes de conception « orientée objet », l’Object Management Group (OMG) a eu comme objectif de définir une
notation standard utilisable dans les développements informatiques basés sur l’objet. C’est ainsi qu’est apparu UML (Unified Modified Language « langage de modélisation objet unifié »), qui est issu de la fusion des méthodes Booch, OMT (Object Modelling Technique) et OOSE (Object Oriented Software Engineering).
Issu du terrain et fruit d'un travail d'experts reconnus, UML est le résultat d'un large consensus. De très nombreux acteurs industriels de renom ont adopté UML et participent à son développement.
En l'espace d'une poignée d'années seulement, UML est devenu un standard incontournable.Ceci nous amène à nous questionner sur :
- les apports réels d’UML dans la modélisation
- la place des méthodes dites « traditionnelles » telle que MERISE.
UML est en effet apparu très tardivement, car l’approche objet se pratique depuis de très nombreuses années déjà.
Simula, premier langage de programmation à implémenter le concept de type abstrait à l'aide de classes, date de 1967 ! En 1976 déjà, Smalltalk implémente les concepts
fondateurs de l'approche objet : encapsulation, agrégation, héritage. Les premiers
compilateurs C++ datent du début des années 80 et de nombreux langages orientés objets
"académiques" ont étayé les concepts objets (Eiffel, Objective C, Loops...).
Il y donc déjà longtemps que l'approche objet est devenue une réalité. Les concepts
de base de l'approche objet sont stables et largement éprouvés. De nos jours, programmer
"objet", c'est bénéficier d'une panoplie d'outils et de langages performants. L'approche
objet est une solution technologique incontournable. Ce n'est plus une mode, mais un
réflexe quasi-automatique dès lors qu'on cherche à concevoir des logiciels complexes qui
doivent "résister" à des évolutions incessantes.
Toutefois, l’approche objet n’est pas une panacée :
- elle est moins intuitive que l'approche fonctionnelle.
Malgré les apparences, il est plus naturel pour l'esprit humain de décomposer un
problème informatique sous forme d'une hiérarchie de fonctions atomiques et de données,
qu'en terme d'objets et d'interaction entre ces objets.
Or, rien dans les concepts de base de l'approche objet ne dicte comment modéliser la
structure objet d'un système de manière pertinente. Quels moyens doit-on alors utiliser pour mener une analyse qui respecte les concepts objet ? Sans un cadre méthodologique
approprié, la dérive fonctionnelle de la conception est inévitable...
- l'application des concepts objet nécessite une très grande rigueur.
Le vocabulaire précis est un facteur d'échec important dans la mise en oeuvre d'une
approche objet (risques d'ambiguïtés et d'incompréhensions). Beaucoup de développeurs
(même expérimentés) ne pensent souvent objet qu'à travers un langage de programmation.
Or, les langages orientés objet ne sont que des outils qui proposent une manière
particulière d'implémenter certains concepts objet. Ils ne valident en rien l'utilisation de ces
moyens techniques pour concevoir un système conforme à la philosophie objet.
Connaître C++ ou Java n'est donc pas une fin en soi, il faut aussi savoir se servir de
ces langages à bon escient. La question est donc de savoir "qui va nous guider dans
l'utilisation des concepts objet, si ce ne sont pas les langages orientés objet ?".
Enfin, comment comparer deux solutions de découpe objet d'un système si l'on ne
dispose pas d'un moyen de représentation adéquat ? Il est très simple de décrire le résultat
d'une analyse fonctionnelle, mais qu'en est-il d'une découpe objet ?
Pour remédier à ces inconvénients majeurs de l'approche objet, il faut donc :
1) un langage (pour s'exprimer clairement à l'aide des concepts objets)
Le langage doit permettre de représenter des concepts abstraits (graphiquement par
exemple), limiter les ambiguïtés (parler un langage commun, au vocabulaire précis,
indépendant des langages orientés objet), faciliter l'analyse (simplifier la comparaison et
l'évaluation de solutions).
2) une démarche d'analyse et de conception objet
Une démarche d’analyse et de conception objet est nécessaire afin de ne pas effectuer une
analyse fonctionnelle et se contenter d'une implémentation objet, mais penser objet dès le
départ, définir les vues qui permettent de décrire tous les aspects d'un système avec des
concepts objets.
Il faut donc disposer d'un outil qui donne une dimension méthodologique à
l'approche objet et qui permette de mieux maîtriser sa richesse.
La prise de conscience de l'importance d'une méthode spécifiquement objet
("comment structurer un système sans centrer l'analyse uniquement sur les données ou
uniquement sur les traitements, mais sur les deux"), ne date pas d'hier. Plus de 50 méthodes
objet sont apparues durant le milieu des années 90 (Booch, Classe-Relation, Fusion,
HOOD, OMT, OOA, OOD, OOM, OOSE...). Aucune ne s'est réellement imposée.
L'absence de consensus sur une méthode d'analyse objet a longtemps freiné l'essor
des technologies objet. Ce n'est que récemment que les grands acteurs du monde
informatique ont pris conscience de ce problème. L'unification et la normalisation des
méthodes objet dominantes (OMT, Booch et OOSE) ne datent que de 1995. UML est le
fruit de cette fusion.
UML, ainsi que les méthodes dont il est issu, s'accordent sur un point : une analyse
objet passe par une modélisation objet.
Qu’est-ce qu’un modèle ?
Un modèle est une abstraction de la réalité. L'abstraction est un des piliers de
l'approche objet. Il s'agit d'un processus qui consiste à identifier les caractéristiques
intéressantes d'une entité en vue d'une utilisation précise. L'abstraction désigne aussi le résultat de ce processus, c'est-à-dire l'ensemble des caractéristiques essentielles d'une
entité, retenues par un observateur.
Un modèle est une vue subjective, mais pertinente de la réalité. Un modèle définit
une frontière entre la réalité et la perspective de l'observateur. Ce n'est pas "la réalité", mais
une vue très subjective de la réalité. Bien qu'un modèle ne représente pas une réalité
absolue, un modèle reflète des aspects importants de la réalité, il en donne donc une vue
juste et pertinente.
Le caractère abstrait d'un modèle doit notamment permettre de faciliter la
compréhension du système étudié. Il réduit la complexité du système étudié, permet de
simuler le système, le représente et reproduit ses comportements. Concrètement, un modèle
réduit (décompose) la réalité, dans le but de disposer d'éléments de travail exploitables par
des moyens mathématiques ou informatiques.
UML permet donc de modéliser une application selon une vision objet.
L’appréhension d’UML est complexe car UML est à la fois :
- une norme,
- un langage de modélisation objet,
- un support de communication,
- un cadre méthodologique.
UML est une norme
Fin 1997, UML est devenu une norme OMG (Object Management Group).
L'OMG est un organisme à but non lucratif, créé en 1989 à l'initiative de grandes
sociétés (HP, Sun, Unisys, American Airlines, Philips...). Aujourd'hui, l'OMG fédère plus
de 850 acteurs du monde informatique. Son rôle est de promouvoir des standards qui
garantissent l'interopérabilité entre applications orientées objet, développées sur des
réseaux hétérogènes.
L'OMG propose notamment l'architecture CORBA (Common Object Request Broker
Architecture), un modèle standard pour la construction d'applications à objets distribués
(répartis sur un réseau).
CORBA fait partie d'une vision globale de la construction d'applications réparties,
appelée OMA (Object Management Architecture) et définie par l'OMG. Sans rentrer dans
les détails, on peut résumer cette vision par la volonté de favoriser l'essor industriel des
technologies objet, en offrant un ensemble de solutions technologiques non
propriétaires, qui suppriment les clivages techniques.
UML a été adopté (normalisé) par l'OMG et intégré à l'OMA, car il participe à cette
vision et parce qu'il répond à la "philosophie" OMG.
UML est un langage de modélisation objet.
Pour penser et concevoir objet, il faut savoir "prendre de la hauteur", jongler avec des
concepts abstraits, indépendants des langages d'implémentation et des contraintes
purement techniques. Les langages de programmation ne sont pas un support d'analyse
adéquat pour "concevoir objet". Ils ne permettent pas de décrire des solutions en terme de
concepts abstraits et constituent un cadre trop rigide pour mener une analyse itérative.
Pour conduire une analyse objet cohérente, il ne faut pas directement penser en terme
de pointeurs, d'attributs et de tableaux, mais en terme d'association, de propriétés et de
cardinalités... Utiliser le langage de programmation comme support de conception ne


revient bien souvent qu'à juxtaposer de manière fonctionnelle un ensemble de mécanismes
d'implémentation, pour résoudre un problème qui nécessite en réalité une modélisation
objet.
L’approche objet nécessite une analyse réfléchie, qui passe par différentes phases
exploratoires.
Bien que raisonner en terme d'objets semble naturel, l'approche fonctionnelle reste la
plus intuitive pour nos esprits cartésiens... Voilà pourquoi il ne faut pas se contenter d'une
implémentation objet, mais se discipliner à "penser objet" au cours d'une phase d'analyse
préalable.
Toutes les dérives fonctionnelles de code objet ont pour origine le non respect des
concepts de base de l'approche objet (encapsulation...) ou une utilisation détournée de ces
concepts (héritage sans classification...). Ces dérives ne sont pas dues à de mauvaises
techniques de programmation ; la racine du mal est bien plus profonde : programmer en
C++ ou en Java n'implique pas forcément concevoir objet...
Les difficultés de mise en oeuvre d'une approche "réellement objet" ont engendré
bien souvent des déceptions, ce qui a longtemps constitué un obstacle important à l'essor
des technologies objet. Beaucoup ont cédé au leurre des langages de programmation
orientés objet et oublié que le code n'est qu'un "moyen". Le respect des concepts
fondamentaux de l'approche objet prime sur la manière dont on les implémente. Ne penser
qu'à travers un langage de programmation objet détourne de l'essentiel.
Pour sortir les technologies objet de cette impasse, l'OMG propose UML.
UML comble une lacune importante des technologies objet. Il permet
d'exprimer et d'élaborer des modèles objet, indépendamment de tout langage de
programmation. Il a été pensé pour servir de support à une analyse basée sur les concepts
objet.
UML est un langage formel, défini par un métamodèle.
Le métamodèle d'UML décrit de manière très précise tous les éléments de
modélisation (les concepts véhiculés et manipulés par le langage) et la sémantique de ces
éléments (leur définition et le sens de leur utilisation).
En d'autres termes : UML normalise les concepts objet.
Un métamodèle permet de limiter les ambiguïtés et encourage la construction
d'outils. Il permet aussi de classer les différents concepts du langage (selon leur niveau
d'abstraction ou leur domaine d'application) et expose ainsi clairement sa structure. Enfin,
on peut noter que le métamodèle d'UML est lui-même décrit par un méta-métamodèle de
manière standardisée, à l'aide de MOF (Meta Object Facility : norme OMG de description
des métamodèles).
Véritable clé de voûte de l'OMA, UML est donc un outil indispensable pour tous
ceux qui ont compris que programmer objet, c'est d'abord concevoir objet. UML n'est pas à
l'origine des concepts objets, mais il en constitue une étape majeure, car il unifie les
différentes approches et en donne une définition plus formelle.
UML est un support de communication
UML est avant tout un support de communication performant, qui facilite la
représentation et la compréhension de solutions objet.
Sa notation graphique permet d'exprimer visuellement une solution objet, ce qui
facilite la comparaison et l'évaluation de solutions.
L'aspect formel de sa notation limite les ambiguïtés et les incompréhensions.


Son indépendance par rapport aux langages de programmation, aux domaines
d'application et aux processus, en font un langage universel.
La notation graphique d'UML n'est que le support du langage. La véritable force
d'UML, c'est qu'il repose sur un métamodèle. En d'autres termes : la puissance et l'intérêt
d'UML, c'est qu'il normalise la sémantique des concepts qu'il véhicule !
Qu'une association d'héritage entre deux classes soit représentée par une flèche
terminée par un triangle ou un cercle, n'a que peu d'importance par rapport au sens que cela
donne à votre modèle. La notation graphique est essentiellement guidée par des
considérations esthétiques, même si elle a été pensée dans ses moindres détails.
Par contre, utiliser une relation d'héritage, reflète l'intention de donner à votre modèle
un sens particulier. Un "bon" langage de modélisation doit permettre à n'importe qui de
déchiffrer cette intention de manière non équivoque. Il est donc primordial de s'accorder
sur la sémantique des éléments de modélisation, bien avant de s'intéresser à la manière de
les représenter.
Le métamodèle UML apporte une solution à ce problème fondamental.
UML est donc bien plus qu'un simple outil qui permet de "dessiner" des
représentations mentales... Il permet de parler un langage commun, normalisé mais
accessible, car visuel.
UML est un cadre méthodologique pour une analyse objet
Une autre caractéristique importante d'UML, est qu'il cadre l'analyse. UML permet
de représenter un système selon différentes vues complémentaires : les diagrammes. Un
diagramme UML est une représentation graphique, qui s'intéresse à un aspect précis du
modèle ; c'est une perspective du modèle.
Chaque type de diagramme UML possède une structure (les types des éléments de
modélisation qui le composent sont prédéfinis) et véhicule une sémantique précise (il offre
toujours la même vue d'un système).
Combinés, les différents types de diagrammes UML offrent une vue complète des
aspects statiques et dynamiques d'un système. Les diagrammes permettent donc d'inspecter
un modèle selon différentes perspectives et guident l'utilisation des éléments de
modélisation (les concepts objet), car ils possèdent une structure.
Une caractéristique importante des diagrammes UML, est qu'ils supportent
l'abstraction. Cela permet de mieux contrôler la complexité dans l'expression et
l'élaboration des solutions objet.
UML opte en effet pour l'élaboration des modèles, plutôt que pour une approche qui
impose une barrière stricte entre analyse et conception. Les modèles d'analyse et de
conception ne diffèrent que par leur niveau de détail, il n'y a pas de différence dans les
concepts utilisés. UML n'introduit pas d'éléments de modélisation propres à une activité
(analyse, conception...) ; le langage reste le même à tous les niveaux d'abstraction.
Cette approche simplificatrice facilite le passage entre les niveaux d'abstraction.
L'élaboration encourage une approche non linéaire, les "retours en arrière" entre niveaux
d'abstraction différents sont facilités et la traçabilité entre modèles de niveaux différents est
assurée par l'unicité du langage.
UML favorise donc le prototypage, et c'est là une de ses forces. En effet, modéliser
une application n'est pas une activité linéaire. Il s'agit d'une tâche très complexe, qui
nécessite une approche itérative, car il est plus efficace de construire et valider par étapes,
ce qui est difficile à cerner et maîtriser.


UML permet donc non seulement de représenter et de manipuler les concepts objet, il
sous-entend une démarche d'analyse qui permet de concevoir une solution objet de manière
itérative, grâce aux diagrammes, qui supportent l'abstraction.
UML n'est pas une méthode
UML est un langage qui permet de représenter des modèles, mais il ne définit pas le
processus d'élaboration des modèles. Qualifier UML de "méthode objet" n'est donc pas
tout à fait approprié.
Une méthode propose aussi un processus, qui régit notamment l'enchaînement des
activités de production d'une entreprise. Or UML n'a pas été pensé pour régir les activités
de l'entreprise.
Les auteurs d'UML sont tout à fait conscients de l'importance du processus, mais ce
sujet a été intentionnellement exclu des travaux de l'OMG. Comment prendre en compte
toutes les organisations et cultures d'entreprises ? Un processus est adapté (donc très lié) au
domaine d'activité de l'entreprise ; même s'il constitue un cadre général, il faut l'adapter au
contexte de l'entreprise. Bref, améliorer un processus est une discipline à part entière, c'est
un objectif qui dépasse très largement le cadre de l'OMA.
Cependant, même si pour l'OMG, l'acceptabilité industrielle de la modélisation objet
passe d'abord par la disponibilité d'un langage d'analyse objet performant et standard, les
auteurs d'UML préconisent d'utiliser une démarche :
- guidée par les besoins des utilisateurs du système,
- centrée sur l'architecture logicielle,
- itérative et incrémentale.
D'après les auteurs d'UML, un processus de développement qui possède ces qualités
fondamentales "devrait" favoriser la réussite d'un projet.
Une source fréquente de malentendus sur UML a pour origine la faculté d'UML de
modéliser un processus, pour le documenter et l'optimiser par exemple. En fin de compte,
qu'est-ce qu'un processus ? Un ensemble d'activités coordonnées et régulées, en partie
ordonnées, dont le but est de créer un produit (matériel ou intellectuel). UML permet tout à
fait de modéliser les activités (c'est-à-dire la dynamique) d'un processus, de décrire le rôle
des acteurs du processus, la structure des éléments manipulés et produits, etc...
Une extension d'UML ("UML extension for business modeling") propose d'ailleurs
un certain nombre de stéréotypes standards (extensions du métamodèle) pour mieux
décrire les processus.
Le RUP ("Rational Unified Process"), processus de développement "clé en main",
proposé par Rational Software, est lui aussi modélisé (documenté) avec UML. Il offre un
cadre méthodologique générique qui repose sur UML et la suite d'outils Rational.
Conclusion
Comme UML n'impose pas de méthode de travail particulière, il peut être intégré à
n'importe quel processus de développement logiciel de manière transparente. UML est une
sorte de boîte à outils, qui permet d'améliorer progressivement vos méthodes de travail,
tout en préservant vos modes de fonctionnement.
Intégrer UML par étapes dans un processus, de manière pragmatique, est tout à fait
possible. La faculté d'UML de se fondre dans le processus courant, tout en véhiculant une
démarche méthodologique, facilite son intégration et limite de nombreux risques (rejet des
utilisateurs, coûts...).
Intégrer UML dans un processus ne signifie donc pas révolutionner ses méthodes de
travail, mais cela devrait être l’occasion de se remettre en question.


I). Le contexte d’apparition d’UML
I.1) Approche fonctionnelle versus approche objet
I.1.1) L’approche fonctionnelle
La découpe fonctionnelle d'un problème informatique : une
approche intuitive
La découpe fonctionnelle d’un problème (sur laquelle reposent les langages de
programmation structurée) consiste à découper le problème en blocs indépendants. En ce
sens, elle présente un caractère intuitif fort.
La réutilisabilité du code
Le découpage d’un problème en blocs indépendants (fonctions et procédures) va permettre
aux programmeurs de réutiliser les fonctions déjà développées (à condition qu’elles soient
suffisamment génériques). La productivité se trouve donc accrue.
Le revers de la médaille : maintenance complexe en cas
d'évolution
Le découpage en blocs fonctionnels n'a malheureusement pas que des avantages. Les
fonctions sont devenues interdépendantes : une simple mise à jour du logiciel à un point
donné, peut impacter en cascade une multitude d'autres fonctions. On peut minorer cet
impact, pour peu qu'on utilise des fonctions plus génériques et des structures de données
ouvertes. Mais respecter ces contraintes rend l'écriture du logiciel et sa maintenance plus
complexe.
En cas d'évolution majeure du logiciel (passage de la gestion d'une bibliothèque à celle
d'une médiathèque par exemple), le scénario est encore pire. Même si la structure générale
du logiciel reste valide, la multiplication des points de maintenance, engendrée par le
chaînage des fonctions, rend l'adaptation très laborieuse. Le logiciel doit être retouché dans
sa globalité :
- on a de nouvelles données à gérer (ex : DVD)
- les traitements évoluent : l’affichage sera différent selon le type (livre, CD,
DVD …)
Problèmes générés par la séparation des données et des
traitements :
Examinons le problème de l'évolution de code fonctionnel plus en détail...
Faire évoluer une application de gestion de bibliothèque pour gérer une médiathèque, afin
de prendre en compte de nouveaux types d'ouvrages (cassettes vidéo, CD-ROM, etc...),
nécessite :
- de faire évoluer les structures de données qui sont manipulées par les fonctions,


- d'adapter les traitements, qui ne manipulaient à l'origine qu'un seul type de
document (des livres).
Il faudra donc modifier toutes les portions de code qui utilisent la base documentaire, pour
gérer les données et les actions propres aux différents types de documents.
Il faudra par exemple modifier la fonction qui réalise l'édition des "lettres de rappel" (une
lettre de rappel est une mise en demeure, qu'on envoie automatiquement aux personnes qui
tardent à rendre un ouvrage emprunté). Si l'on désire que le délai avant rappel varie selon
le type de document emprunté, il faut prévoir une règle de calcul pour chaque type de
document.
En fait, c'est la quasi-totalité de l'application qui devra être adaptée, pour gérer les
nouvelles données et réaliser les traitements correspondants. Et cela, à chaque fois qu'on
décidera de gérer un nouveau type de document !
1ère amélioration : rassembler les valeurs qui caractérisent un
type, dans le type
Une solution relativement élégante à la multiplication des branches conditionnelles et des
redondances dans le code (conséquence logique d'une trop grande ouverture des données),
consiste tout simplement à centraliser dans les structures de données, les valeurs qui leurs
sont propres.
Par exemple, le délai avant rappel peut être défini pour chaque type de document. Cela
permet donc de créer une fonction plus générique qui s’applique à tous les types de
documents.
2ème amélioration : centraliser les traitements associés à un type,
auprès du type
Pourquoi ne pas aussi rassembler dans une même unité physique les types de données et
tous les traitements associés ?
Que se passerait-il par exemple si l'on centralisait dans un même fichier, la structure de
données qui décrit les documents et la fonction de calcul du délai avant rappel ? Cela nous
permettrait de retrouver immédiatement la partie de code qui est chargée de calculer le
délai avant rappel d'un document, puisqu'elle se trouve au plus près de la structure de
données concernée.
Ainsi, si notre médiathèque devait gérer un nouveau type d'ouvrage, il suffirait de modifier
une seule fonction (qu'on sait retrouver instantanément), pour assurer la prise en compte de
ce nouveau type de document dans le calcul du délai avant rappel. Plus besoin de fouiller
partout dans le code...
Ecrit en ces termes, le logiciel serait plus facile à maintenir et bien plus lisible. Le stockage
et le calcul du délai avant rappel des documents, serait désormais assuré par une seule et
unique unité physique (quelques lignes de code, rapidement identifiables).
Pour accéder à la caractéristique "délai avant rappel" d'un document, il suffit de récupérer
la valeur correspondante parmi les champs qui décrivent le document. Pour assurer la prise
en compte d'un nouveau type de document dans le calcul du délai avant rappel, il suffit de


modifier une seule fonction, située au même endroit que la structure de données qui décrit
les documents.





























































































Centraliser les données d'un type et les traitements associés, dans une même unité
physique, permet de limiter les points de maintenance dans le code et facilite l'accès à
l'information en cas d'évolution du logiciel.
I.1.2) L’approche objet
Le concept d’objet
Les modifications qui ont été apportées au logiciel de gestion de médiathèque, nous ont
amené à transformer ce qui était à l'origine une structure de données, manipulée par des
fonctions, en une entité autonome, qui regroupe un ensemble de propriétés cohérentes et de
traitements associés. Une telle entité s'appelle... un objet et constitue le concept fondateur
de l'approche du même nom.
Un objet est une entité aux frontières précises qui possède une identité (un nom).
Un ensemble d'attributs caractérise l'état de l'objet.
Un ensemble d'opérations (méthodes) en définissent le comportement.
Un objet est une instance de classe (une occurrence d'un type abstrait).
Une classe est un type de données abstrait, caractérisé par des propriétés (attributs et
méthodes) communes à des objets et permettant de créer des objets possédant ces
propriétés.



















































Les autres concepts importants de l'approche objet.
 l’encapsulation
L’encapsulation consiste à masquer les détails d'implémentation d'un objet, en définissant
une interface.
L'interface est la vue externe d'un objet, elle définit les services accessibles (offerts) aux
utilisateurs de l'objet.
L'encapsulation facilite l'évolution d'une application car elle stabilise l'utilisation des
objets : on peut modifier l'implémentation des attributs d'un objet sans modifier son
interface.
L'encapsulation garantit l'intégrité des données, car elle permet d'interdire l'accès direct aux
attributs des objets.
 l’héritage
L'héritage est un mécanisme de transmission des propriétés d'une classe (ses attributs et
méthodes) vers une sous-classe.
Une classe peut être spécialisée en d'autres classes, afin d'y ajouter des caractéristiques
spécifiques ou d'en adapter certaines.
Plusieurs classes peuvent être généralisées en une classe qui les factorise, afin de regrouper
les caractéristiques communes d'un ensemble de classes.
La spécialisation et la généralisation permettent de construire des hiérarchies de classes.
L'héritage peut être simple ou multiple.
L'héritage évite la duplication et encourage la réutilisation.

















 le polymorphisme
Le polymorphisme représente la faculté d'une même opération de s'exécuter différemment
suivant le contexte de la classe où elle se trouve.

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